“OH MY GOD. J’ai survécu. Et je n’en peux plus” fût ma première réaction, une fois passée la ligne d’arrivée du Red Bull Ragnarok, une loooongue course de kitesurf sur neige en Norvège. Et c’était avec juste un tout petit peu d’exagération – mais à peine…

Petit retour en arrière pour bien vous situer : il y a quelques semaines, j’ai participé à une course d’endurance de snowkite, le Red Bull Ragnarok. C’était en fait dans le cadre du travail – je suis rédactrice pour le site web RedBull.com, section Aventure. Une de mes missions est de produire de petits épisodes où on va tester certains évènements, parfois loufoque, parfois demandant, mais toujours plutôt amusant. Pour ce nouvel épisode, j’allais donc tester cette course : par ici pour admirer ma performance.

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L’équipement nécessaire  – © Photo : LightBros Productions

Le nom Ragnarok vient de la mythologie nordique, et représente la bataille finale entre les bons et les mauvais dieux, où pratiquement tout le monde meurt, la Terre est submergée puis renaît éventuellement par la suite : bref, très peu de survivants à une bataille très intense. En gros, le nom parfait à donner à une course où les participants ont pour but de compléter 5 fois un parcours de 26 km (allez, je vous donne la réponse, ça fait 130km au total) sous la barre des 5 heures. Impossible, vous me direz ? Nooooon !

En fait, oui, impossible pour 342 participants sur 350. Mais bon pour 8 d’entre eux, tout à fait possible !

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Ahhh ce moment avant le départ où je souriais encore… – © Photo : Daniel Tengs/Red Bull Content Pool

Pour moi ? Eh bien… disons que j’ai fait partie de la majorité. Par contre, même si je n’ai pas terminé 5 fois le parcours,  j’ai fait mieux que beaucoup de compétiteurs, en le complétant une fois, de A à Z (en incluant l’alphabet cyrillique et arabe aussi) : j’ai complété un tour en… 4 heures.

Je vous explique :

Tout d’abord, eh bien j’ai loupé le départ. Ouaip… bon, pas trop fière de moi, en plus j’étais là pour filmer ma participation à la course. Mais comme on devait installer 5 GoPros, et qu’on voulait tout faire à la dernière minute pour conserver le plus de chaleur et de batterie possible, j’ai du rattraper le peloton. Par contre, ça n’a pas que du mauvais : j’ai ainsi échappé à plusieurs chances de collisions et autres évènements du genre qui arrivent quand on met 350 kites au même endroit (349, puisque je n’étais pas au départ).

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Qui veut compter les kites? – © Photo : Daniel Tengs/ Red Bull Content Pool

Le parcours, le plus difficile des 7 dernières années, était en forme de pentagramme (oui oui, l’étoile des forces du mal, tout à fait approprié), donc plutôt difficile de s’y retrouver sur le terrain quand, comme moi, on n’a pas tout à fait compris la carte lors de la rencontre des participants.

Red Bull Ragnarok map 2017
Le parcours… pas si simple!

Tout d’abord, pour aller au premier checkpoint, il fallait choisir entre passer sur la crête, avec des vents allant jusqu’à plus de 30 nœuds, ou encore passer dans la vallée, où le vent se faisait très timide. Puisque j’avais ma Airush Diamond en 7m, j’ai décidé d’aller sur la crête : il valait mieux avoir plus de vent que pas assez ! Puis, en descente (directement sous le vent), j’ai dû me battre avec mon kite chéri qui voulait décidément prendre une pause et aller se coucher. J’ai montré à mon aile qui est le patron et j’ai poursuivi mon chemin, pour enfin trouver le premier checkpoint.

C’était comment, vous dites ? Eh bien prenez une colline pleine de gros cailloux, au moins une cinquantaine de kites et ajoutez à ça du vent moins que fiable : ça fait un joli bordel. C’est dans ces moments que je remercie mes 9 ans de kite et 4 années d’enseignement : je sais manier mon aile !

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Attention aux cailloux! – © Photo : LightBros Productions

Deuxième checkpoint : ça va encore, probablement un des moins mémorables. On continue d’avancer. À ce moment, je n’ai plus aucune notion du temps : je ne sais pas si je suis là depuis 20, 30, 40 , 60 minutes… Tout ce que je sais, c’est qu’à un moment, la GoPro qui est sur ma tête fait son fameux « bipbipbipbiiiip » qui annonce la fin de l’enregistrement. Bon, on doit être autour d’une heure.

Et là, les choses s’intensifient : le troisième checkpoint se situe sur le haut d’une colline… et le vent est à fond. Mais vraiment, à fond. On parle d’environ 45 nœuds (80-90km/h). Pour celles qui s’y connaissent en kite : j’avais mon kite au zénith, la barre aussi loin de moi que possible, et je continuais à avancer, en montée !! Une fois le checkpoint passé, j’ai regardé autour de moi : beaucoup de gens ont dû abandonner la course à ce moment, ne pouvant plus tenir leur aile. Un participant m’a même raconté qu’il a complètement décroché son aile à caissons, après qu’une bourrasque ait cassé sa barre en deux… La folie, quoi.

J’ai aussi pensé à arrêter : le harnais qui voulait me faire une inspection mammaire (c’est approuvé par Keep A Breast, ça ?), le contrôle minimal de l’aile et de ma vitesse… Je me suis dit : si c’est comme ça pour le reste de la course, je ne sais pas ce que je vais faire.

Je me suis ensuite rendue sans trop d’encombre au checkpoint numéro 4, en me disant YOUPIIIII il n’en reste qu’un !! Comme disent les anglais : Little did I know…

Pour vous donner une idée de ce qui suit, je vous donne mes temps de passage à chaque checkpoint :

Pink-pack-on-a-teste-Temps-de passage-Ragnarok

Vous voyez ce qui cloche ?

40 minutes, 30 minutes, 18, 20…. Puis 2 HEURES !!! Une jolie vitesse de 3 km/h : je crois que je serais allée plus vite en marchant.

Et oui, les dieux du vent ont (mal) entendu mes prières, et ont tout coupé. On est passés de 45 nœuds à un tout petit 10 nœuds, à peine assez pour que ma 7m tienne dans les airs. Inutile de vous dire que j’ai galéré, mais ga-lé-ré. En plus, toute la dernière partie était une remontée au vent…

Comme j’avais aucune idée du temps, je me disais que je serai jamais capable de faire plus d’un tour, que j’allais décevoir mon producteur… J’avais tellement mal partout : les genoux qui grincent, les cuisses en feu, les coudes et les poignets qui ne tiennent plus, les bras morts à force de travailler le kite pour continuer à avancer.

Puis à un moment où j’avais presque la ligne d’arrivée en vue, ce qui devait arriver arriva : mon aile est tombée du ciel. Plus de vent. Finito bonito. À ce moment, j’ai fait la seule chose qui était intelligente de faire : je me suis assise et j’ai mangé un bon chocolat norvégien que j’avais dans ma poche. Il était si délicieux… et surtout, si mérité…

Allez hop, la SuperWoman en moi est de retour en force, et j’arrive enfin à redécoller mon aile. VICTOIRE (éphémère). Il retombe et je passe une bonne demi-heure à marcher avec mes skis, en trainant mon aile comme un boulet, pour aller sur le haut de la colline et espérer avoir un peu plus d’air. (Note de l’auteure : pour le snowkite, les skis sont vraiment un bon choix et permettent de se sortir de ce genre de situation beaucoup plus facilement qu’en snowboard !)

Au final, j’ai réussi, après plusieurs échecs, à passer la ligne d’arrivée avec mon aile dans les airs. Victoire perso, même si au final je n’ai complété qu’une seule fois le parcours et que j’apprends rapidement que ça m’a pris 4h. Aaaah ça explique pourquoi j’ai si faim !

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Le retour de la guerrière. © Photo: LightBros Productions

Et la question ultime : est-ce que je le referai ?

Bien sûr. Surtout avec du choco.

(7 commentaires)

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